Et les distances disparurent

Ainsi se révèle la grande blessure
Coupé de l’autre, je suis coupé de moi-même
Le mirage que tout est séparé devient réel
Je dois inventer ma vie, décorer les murs de mes goûts, mes dégouts
Alors que c’est la vie qui m’invente
Mais sans l’autre, je suis séparé
J’incohère
Je m’assied devant mon miroir et je respire, pour me rappeler
Mon meilleur ami habite de l’autre côté de la planète
Je sais ce qu’il mange
Je connais ses enfants
J’écoute sa musique
Je vois son horizon
Son soleil se coucher et je le récupère au même instant à ma fenêtre
Je l’aime, c’est un être cher
On se passe le soleil tous les jours
Des épouses qui partage un mari
J’ignore mon voisin
J’ignore tout de mon voisin
Je sais qu’il est mon voisin et que j’ignore tout de lui
Son fils a changé de planète volontairement
Il est seul
Nous sommes seuls tous ensemble
Nous, la somme des seuls qui tremblent
Nous, que l’on prononcera bientôt n,o,u,s, car nous ne forme plus un mot
Il s’est réduit à une somme de lettre
Et la grammaire disparut